( i'm the fury in your head ) lua

Et la rue qui hurle à la pleine lune, elle porte le nom et la voix de la jeune fille qui s'égorge à la lumière des néons grésillants. Et la nuit qui chuchote dans l'oreille des désolés, et la lune qui crépite dans la noirceur de ses draps, elles portent les traits de la jeune fille abandonnée. Le sang giclant contre ses lèvres fissurées, les jointures ruisselantes de pus aux sous-tons vineux, et la couleur du ciel nocturne sur sa peau diurne. Les cheveux de jais tranchant son corps pâle et fin, les os trop grands pour son corps, le squelette effaré dansant aux flammes de ses autodafés. Il fallait brûler la mémoire qui pourrissait, l'humidité de ses larmes berçant les moisissures dans les fissures de sa cervelle. Qu'elle explose celle-la. Et qu'elle repeigne les murs de ses teintes de vie. Lua. Lua qui s'était perdue dans l'asphyxie de ses conneries. Lua. Lua qui s'était échappée de la peur qui l'encerclait. Lua. Lua qui pensait partir tout doucement lorsqu'elle n'était qu'une tempête tonitruante. Lua elle ne recommandait pas sa manière de vivre : à s'essouffler derrière de maigres tentatives, de petits rêves en pots cassés. C'était une manière d'exister, certes, peut-être même de survivre. Pas très net. Pas très clair. Pas très bien. C'était les fumées grisâtres de ses clopes qui l'étouffaient, et les sons graves de sa basse qui l'assourdissaient. C'était les lumières des vieux projecteurs qui l'aveuglaient, les corps qui suintaient de sueurs et de bordel qui l'apaisaient. Elle n'avait que ses chimères en mégaphone. Sa voix rouillée pour révolte, et puis la folie de ses chansons pour politique. Il y avait de la colère dans sa religion, un brouillon pour bible et la perdition d'un dieu américain pour messie.
Grunge is not dead.
La chevelure grasse, les cernes amplifiées par le refus du repos, les paupières huileuses traçant des sillons de fards foncés et le visage qui traînait vers le sol.
L'odeur de la cigarette, l'alcool pour eau bénie, les diplômes enflammés devant la gueule de ceux qui tentaient de donner une quelconque forme à son chaos.
Grunge is not dead.
Les rires grossiers explosant de son gosier, les démons trépignant d'impatience dans ses artères, le cœur qu'elle écrasait de ses pieds, rebondissant à chacun de ses battements vers le firmament.
Grunge is not dead, but that girl surely is.
Elle n'a pas sa langue dans la bouche, elle pend, traîne au sol, tâche leur faciès de ses crachats impétueux. Elle se dessine comme une jeunesse volée. Elle se miroite troublée et inconsciente aux yeux étrangers. Elle s'aime le poing en l'air et folle à lier. Electron libre dans la foule braillant, la p'tite môme chante la connerie humaine, le requiem de cette putain de race.



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