Les vagues s’échouaient et leur écume moussait contre le sable d’or de la plage. Poussées par le vent, elles s’écrasaient aux pieds d’une citée alanguie. Un calme à la beauté picturale foisonnait entre les arbres ondulant et les habitants. Arcadia Bay faisait partie de ces petites villes de l’Oregon au charme rural et mystique qui ne semblaient que vivre dans le cadre d’une carte postale aux couleurs délavées. Elles s’embourbaient de soleil, se perdaient dans leur teinte. Une ville abritant en son sein des légendes par milliers d’amérindiens natifs comme de coloniaux, des rumeurs intrigantes que l’on se racontait autour d’un verre ou d’un barbecue entre voisins.
Parmi le prestige de la citée reposait l’université privée Blackwell Academy connue particulièrement pour son cadre idyllique et son cursus scientifique tout comme artistique. Il n’est pas rare qu’un célèbre nom vienne donner quelques cours dans l’enceinte de l’établissement, cherchant à se dégager de la folie des grandes métropoles et de leur succès vertigineux. Chaque année de nombreux dossiers sont donc stockés provenant de tout le continent, voire même d’ailleurs. Certains sont acceptés, d’autres refusés, l’argent y est pour quelque-chose (malgré les bourses) mais le talent et le goût de la perfection sont des critères obligatoires qui doivent se dégager de tous les étudiants. On ne recrute que l’excellence, que le potentiel même si maladroit pour le moment ; le fondateur en avait fait un point d’honneur. Si la sélection peut être stricte, l’école se garde bien de l’austérité et privilégie son environnement bucolique. C’est au creux de la forêt d’Arcadia Bay, sur une petite colline offrant la peinture de la ville aux yeux ébahis, que repose Blackwell Academy. Une imagerie éternellement automnale où s’infiltrent les dépôts de la jeunesse. C’est ici que se tracent les lignes des futurs souvenirs : des rires envolés qui modèlent des visages entiers, des larmes ayant nourries la terre, l’anxiété qui se recroise au détour d’un couloir, l’excitation et puis l’existence qui bat dans tous les pouls. Il suffit de se promener pour pouvoir distinguer les différentes cultures se côtoyant, les différents milieux s’entrechoquant, des confréries aux caractéristiques distinctes, des groupes respirant l’excentricité du bel âge et les élèves barbouillant leur avenir d’espérances. C’est eux l’origine des mouvements underground rampant dans les têtes, eux qui chamboulent et réveillent la nuit d’Arcadia Bay par des soirées fantasques attirant de plus en plus de jeunes sur cette côte longtemps considérée comme recluse et bien trop traditionnelle. Si la ville ne peut se vanter d’avoir de pétillants gratte-ciels et l’essoufflement des grandes cités d’amérique, elle se voit petit à petit mordue par le « monde extérieur » comme les habitants l’appellent, et les songes de grandeur.
Un photographe sut une fois capturer l’immortelle nostalgie ruisselant dans ce petit bout utopique de terre et il ne tira qu’une seule phrase pouvant décrire le lieu : «
Les cheveux tirés par les derniers rayons du soleil, le visage encadré par l’heure dorée, la vie, étrange, promène son corps mystérieux. »
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