no milk today (roméo)

le phare des abeilles
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Il aime regarder les étoiles - elles sont devant lui. Il est allongé sous elles. Petit à petit il apprend leurs noms - il leur change parfois par soucis d'esthétisme à peine né, tout juste développé. Elles sont comme des fleurs dans un champ : il les aime trop pour les cueillir, regarder c'est bien assez. Ce serait bien de pouvoir les sentir ; un rêve.

Ou peut être bien que c'est la mer.

Pourtant on ne voit aucune vague, et généralement les trésors quittent vite la surface, préfèrent les bas fonds.

Le garçon hausse les épaules.

Tant pis, c'est autant un champ que c'est un océan.

Si c'est un champ, alors il est une abeille, il se glisse entre les corolles, participe à leur survie. Mais si c'est l'océan ! Il n'est pas une mouette, pas un grain de sable - ou peut être un grain de sable, un coquillage, un cadavre de poisson, du plancton, une bouteille en verre, un ballon de plage, du plastique tueur... Un marin peut-être ?

Pas certain, même si son imagination est le bateau, même s'il a dans les veines du sang à swinger sous les tempêtes.

S'il est une abeille, s'il est un marin, quel est l'apiculteur, quel est le phare ?

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C'est fou de briller comme ça.

Peu importe ce qu'elles sont, ce qu'il est. Elles ne brillent pas moins selon leur nom, et aucun n'appauvrit ou ne rend plus fort sa passion.

Mais quand même, c'est vraiment une question tenace.


le mythe de création
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Il était une fois la mer, une fois un désir, une fois un homme. Tous naquirent en même temps – quand l'eau salée s'en est venue jusqu'aux terres, quand le particulier sentiment qui  vous pousse jusqu'aux plus terribles affaires a tissé ses toiles, quand un homme s'est baigné de la lumière. Sans qu'il n'y ait d'autre explication que le destin, qu'un fait indiscutable. Avant même que cet homme n'ait su faire des phrases, parler avec son cœur, c'est la lettre O qu'il a sur la langue, le C sur la pointe de ses doigts, le E et son accent dans les yeux portés sur une horizon figurée, le A au bout de ses lèvres, tout comme le N sur ses genoux robustes.

Son premier mot : mer, pas maman, mais mer.
Le premier crayon porté à l'usure : le bleu océan.
Les premiers pas : vers le tableaux de vagues déchaînées au dessus du canapé.
Les premiers verbes du premier groupe aux conjugaisons retenues : naviguer, amarrer.
Ceux des autres groupes : accomplir, gravir.

Désir, mer et homme se sont languis les uns des autres pendant de longues années, sans jamais tenter de s'oublier. Ce n'est pas un amour de jeunesse, l'attente n'a pas été fatale.

Le premier bateau été une barque : quelques planches à la con, quelques clous. L'eau l'a emporté comme un amant peu heureux du mauvais cadeau ; le second lui, c'en est un vrai. Une coque robuste, des petites voiles, le cœur à prendre le vent. Alors il est parti : prenant les vagues aussi longtemps que possible, les caressant du bout des doigts, en humidifiant ses lèvres et ses joues de cette douce retrouvaille.

Ses infidélités ne se comptent pas beaucoup, il y en a trop peu. Rejoindre la terre n'a été qu'une nécessité qui a toujours déchiré ce cœur commun. Mais une fois il a aimé une femme, une nuit, un instant. Elle lui a souhaité bon voyage, car elle comprend. L'homme est reparti avec une mèche de ses cheveux, la gardant tout auprès de son cœur désormais partagés à quatre. Rien de plus n'est à dire de cette femme, car elle, ses cheveux ont repoussé et elle a cessé d'y penser chaque jour.

Lui, ses aventures ont continué : il a découvert des terres, des civilisations perdues, des îles offertes par la divine amante Océan, des trésors à ne plus en finir. Mais c'est toujours elle qu'il préfère, et aussi ce bienheureux Désir.

Ainsi est l'histoire de trois amants sur les flots à jamais.

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C'est l'histoire que sa maman aux beaux cheveux lui raconte quand il demande où est son papa. Papa est le héros d'une épopée, papa est un marin - c'est ce qu'elle dit. Et il ne revient pas parce que son véritable amour c'est la mer et la soif, et maman n'en est pas triste car son cœur bat pour la terre entière. Romy est d'accord, même s'il a des doutes quand elle change l'histoire pour lui dire que c'est lui qui vient le soir de Noël lui apporter des cadeaux qui viennent des quatre coins du monde - car il est à peu près certain que ce livre vient de la librairie. Mais bon. C'est mieux que de lui dire que papa a été emporté un peu avant sa naissance, mieux que de lui apprendre à écrire veuve et orphelin dans ses cahiers d'écoliers.

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