these violents delights have violent ends (lolita)

F A M I L L E  la famille, on lui a toujours dit que c'était sacré. un peu trop sacré, un peu trop important ; mais c'est tout ce qu'elle a toujours eu. ils étaient là depuis le début. papa et sa moustache à la salvador dali, maman et ses robes trop longues. un peu à part, dans une autre planète, impossible de voir le monde avec banalité. et puis y a eu vance avec ses joues un peu rondes et sa gourmandise, les myrtilles sur son visage et la joie de l'enfance. vance, c'est simple sur le papier mais c'est tout un univers cosmique avec qui elle peut converser. elle le couchait en lui parlant du corps humain et il faisait jouer le ukulélé de papa avec ses petits mains. vance c'est une vie qu'elle chérit beaucoup trop, qui a 14 ans et qui se bat pour vivre. c'est la tristesse sur le papier, les possibles l'armes qui voudraient couler, mais vance c'est cet être de lumière qu'elle cajole plus que sa propre vie. elle a choisi de parcourir toute la ville plutôt que de prendre une chambre, juste pour loger sur ce vieux terrain avec lui. c'est un univers à part entière, le sang qui coule en elle ; c'est vance son petit-être, petit-frère. S C I E N C E  c'est venu comme ça. elle a pas compris au début, pourquoi c'était ainsi. depuis l'enfance, les doigts se figeaient sur les livres du corps humain dans les magasins, sur la compréhension. les sens en éveil, les questions farouches, la curiosité débordante, c'est le sourire au creux des lèvres quand papa et maman ont achetés un volcan à construire ensemble, juste pour elle. elle a pas grandi avec le conte du père noël ni même les autres sornettes ; elle a compris que la terre tournait rond et que l'espace était un infini vaste. mais le pire, c'est quand vance est venu, est arrivé et qu'on lui a soufflé que ses poumons n'étaient pas assez forts. on a pas mis les mots sur les symptômes parce que les mots étaient éphémères à la peur de la perte et la douleur. on a juste dit que c'était ainsi, qu'on ne pouvait rien faire, juste attendre. et depuis ce jour, ça brûle en elle. la science, la mécanique, la compréhension des astres. elle veut plus ressentir ce qu'elle a ressenti, elle veut améliorer. elle se sait pas à l'aise avec les êtres et pourtant, c'est une passion pour la compréhension matérielle, physique. alors elle a travaillé, rattrapé le retard scolaire qu'elle a pu prendre ; c'était pas compliqué quand on brûle avec le génie de la science. elle a tout donné, tout son être jusqu'à comprendre enfin les mots qui suivaient ses pensées : l'anthropologie. la  philanthrope qu'elle a toujours été fut conquis et depuis ce jour, ses études ont un sens particulier. elle travaille sans relâche, jour et nuit pour cartonner. c'est le démon de la réussite qui la décime constamment. V O Y A G E  c'est le mot qui la résume. des kilomètres dans les iris, il lui est facile de vous décrire la beauté du grand canyon et de l'ohio dans la même phrase. canada, mexique, la caravane de ses parents a même tracé quelques états de la colombie avant de continuer leurs routes dans les états-unis. elle a des temps de chiffres dans la tête, les chansons différentes, le mélange de la langue  peu compréhensible, les épices sur ses salives. ce sont les albums photos qui ornent la vieille caravane que l'on nomme pablo en référence au fils de la mère rodriguez. pablo, il en a parcourut des paysages sans s'arrêter, sans les lâcher. c'est la vie d'adam et eve dans un état pur, c'est simplement la beauté du monde dans le coeur des bohèmes. A M I E elle a jamais eu un tas d'ami, lola. c'était compliqué avant la mouvance de pablo. ses seuls amis étaient ses parents. mais elle a connu la mère rodriguez, cette immigrée cubaine à la fois chantante et aux rires délicats de la louisiane. la mère rodriguez, c'était vraiment son ami, malgré ses sept ans et les soixante années que l'on ajoute à cette femme. la dureté du monde n'avait pas épargnée son doux visage et pourtant, la rationnelle qu'est lola la disait aimée des dieux. à son chant fougueux et l'odeur du poulet sous les épices. elle a longtemps écrit à la mère rodriguez, l'aidant à utiliser ses mails pour garder le contact malgré la distance. elle lui téléphonait tous les jeudi soir à dix-huit quinze précises, heure où les deux amies conversaient sur la vie. et puis la mère rodriguez n'a pas répondu à son mail, ni à son appel. le singulier des mots est devenu pluriel ; le silence. papa a fait un détour de la route qu'il prenait pour revenir en louisiane et voir la mère rodriguez, mais c'est un ange envolé qu'ils ont retrouvés. le chagrin, c'est tout ce qu'elle retenait en ce jour et pourtant, il faisait le même grand soleil qui les avait accompagné autrefois. la mère rodriguez est devenue son soleil à elle. c'est pablo, le fils de la mère rodriguez, qui offrit le pendentif solaire que portait toujours sa mère à son cou, comme cadeau de gratitude, comme un au-revoir. et depuis ce jour, lola a toujours la mère rodriguez à son, cou, dans le ciel à ses côtés ; c'était sa mère rodriguez à elle. en ce jour, elle peut compter ses amis lola ; elle a alma, et c'est beaucoup trop important pour elle. alma c'est son nouveau soleil, et même si la pudeur l'empêche de mettre des mots sur ses sentiments, elle ne peut que remercier le soleil de l'accompagner. elle a alma, elle a ses filles qui rigolent trop forts, qui dansent en pleins milieux de la rue, qui respirent simplement le souffle de la vie avec la plus pure des authenticités. P E R F E C T I O N N I S M E  c'est les mots qui pincent, les mains qui tremblent, la boule au ventre et ce stresse constant. c'est une perfectionnisme à l'état pur, une vraie pierre brute qui tremble dès que quelque chose ne va pas à son oeil, qui fait tout pour adapter le moindre faits et gestes à son regard. c'est une acharnée, une passionnée qui brûle du savoir et de la connaissance et qui ferait tout pour comprendre ce qui bloque.  F E M I N I S M E  elle a rapidement compris que le racisme, l'homophobie, le sexisme, la transphobie et toutes les formes de haines. c'est un coeur qui rugit en elle, un coeur d'unité, d'égalité. l'égalité trop peu respecté ; elle a découvert le sexisme des textes sacrés, des politiciens, du monde dans lequel elle vivait dans son adolescence et depuis ce jour, c'est une militante avérée. discrète dans ses propos, il n'est pas rare de la voir écouter d'un air dubitatif les paroles adverses comme pour peser le pour et le contre avant de sortir toute la plaidoirie de sa cause. à l'image de ce penseur argumentatif, elle refait l'éducation des plus beaufs avec horreur dans la rue tandis qu'elle continue de féminiser la langue et de rétablir l'égalité qui manque. ce n'est pas une extrémité que l'on doit fuir, qui veut l'hyperpuissance de la femme : c'est juste une jeune-femme qui cherche à rétablir l'égalité des genres. A M O U R  c'est pas facile pour elle, de comprendre ça. elle a jamais vraiment aimé lola, à part sa famille et ses amis et le monde entier. mais l'amour d'un être, elle ne connaît que trop mal. les deux relations qu'elle a eu n'était que des tests qu'elle qualifierait d'expérience, une façon d'imiter les personnes de son âge. mais ça n'a pas marché et à part une découverte charnelle, elle n'a fait que s'ennuyer. non, ce qu'elle veut lola, c'est qu'on brûle ses entrailles, que l'on déchire ses guenilles et qu'on l'enflamme comme une torche. elle veut brûler sous la passion et la tendresse, elle veut ressentir ses étincelles quand elle pose le regard sur une personne et pourtant, la timidité et la pudeur rongent ses pensées trop fougueuses. elle les fait taire, sans oser s'exprimer, éclatant que son célibataire fait parti de sa liberté de jeune femme indépendante. et pourtant, y a ce manque en elle, la connexion qu'elle n'arrive pas à trouver.