la nuit des morts-vivants (MAGIE)

l’idiot n’a jamais aimé le feu. l’idiot préférait la froideur de la neige. elle ne laissait pas de cicatrice comme le faisait le feu. on la sentait quelques secondes alors que la douleur du feu restait ancré autant dans les souvenirs que sur la peau. l’idiot n’a jamais été un grand adept et pourtant, c’était le premier à jouer avec. amoureux du danger et des décisions assez bêtes, le feu avait beau être son ennemi, il le côtoyait dès qu’il en avait l’occasion. garçon glacial, la chaleur avait fuit son être. elle était venue se réfugier à divers endroits. comme dans les yeux d’une jolie blonde vénitienne ou dans les gestes d’une mère aimante. chaleur qui n’a jamais été assez vive. une petite flamme, uniquement, qui arrivait parfois à brûler au plus profond de ses ires. reggie n’était que glace. il ne laissait pas de trace dans la vie des gens et ne faisait mal que sur le court terme. eux osaient encore se plaindre, alors que sans s’en rendre compte, ils procurent une douleur plus profonde aux autres. tout ça n’était question de temps et eux jouent les aveugles. l’homme glace acceptait la douleur qu’il procurait aux autres et ne s’en cachait pas. il savait et s’en foutait. alors que les hommes feu préféraient tout simplement l’ignorer. reggie n’était pas imbécile (juste idiot) et ne se laissait bercer par la chaleur de leurs pupilles. reggie, dans l’ombre, les observait s’auto-briser sous un regard amusé. la chaleur était bête et destructrice. elle prenait son temps alors qu’avec la glace, les choses étaient faites rapidement. bien que le feu avait tendance à faire fondre la glace, il était hors de question que reggie se laisse amadouer. elle aurait pu. mais elle brûlait d’un feu innocent. trop innocent pour les airs glaciaux de flowers. reginald avait donc décidé de la nier, elle aussi. n’ayant plus peur, excitation jeter comme une serviette usée. pourtant, l’idiot trouvait encore des raisons de titiller son feu doux et agréable. comme en posant une main sur sa cuisse et en se penchant pour embrasser son cou, comme en se redressant pour embrasser ses lèvres rosées. l’idiot avait maintes et maintes manières de faire bouillir les filles. d’excitation à la haine, il pensait que le premier cas opererait sur la gamine à la crinière de feu. il était assez idiot pour le penser, du moins. la glace déçue, se recule et l’observe en haussant un sourcil. what’s the matter? garçon qui pensait pouvoir tirer son coup. garçon qui dit adieu à son coup.

la théorie c’est que, quoiqu’il arrive, ce sera bref. l’auteur s’y attarde souvent mais en réalité ce n’est l’affaire que de secondes, enchaînement bancal, porté par les pulsions les plus humaines, pour défaire les distances, il n'y a que les centimètres, le tissu contre la peau, le pendant d’une chaîne autour du cou, la bretelle d’un soutien-gorge, les couches de rouge sur une bouche tiède, et les regards. vraiment, pas grand chose.
elle? elle, s’attarde sur les mots empilés sous ses yeux, elle, bercée par le silence, la pièce est presque vide, les murs nus, et il y a reginald. si elle faisait attention, elle pourrait l’entendre respirer, faire courir ses doigts sur le bureau, elle pourrait le voir venir, se rappeler la première fois où elle a dit son prénom alors que son visage se déformait presque d’exister. et si elle se sent exister c’est pour - ces quelques secondes - là dans le vide de la pièce, elle, ses doigts qui collent au papier déjà encombré de phrases bégnines, s’il l’écoutait il entendrait un peu d’elle, mais non.
elle l’a eu au téléphone plus tôt, c'est son corps qui s’est allumé comme une ampoule au fond de la cave quand sa voix a traversé le combiné, elle a commencé à se donner de l’importance, inévitablement. marceline a passé une main dans le creux de sa nuque, il a dit « oui », à quoi, quelle importance, il avait répondu « oui. », elle s’était ranimée, les contours de sa figure s’agitaient pour un rien, toute la soirée, elle l’aimait, leur rien. parfois il reparlait du lycée, parfois il s’attardait sur des parts ridicules de son passé, des morceaux presque intouchables, une cassette trop souvent retournée. mais il s’attardait.

c’est important qu’il n’attrape pas sa tête entre ses mains, ce serait le début de la fin. elle s’illumine, juste un peu « it’s funny how you’re only talkative with your hands. » elle trace une ligne sur la peau de reggie, ses yeux remontent puis redescendent. « sometimes you’re kind of a jerk. »

c'est comme une étincelle. un contact qui le fait vibrer bizarrement, qui le fait reculer par peur. le feu le possède et il n'aime pas cela. lui pensait l'allonger, l'embrasser et continuer  dangereusement comme il le fait avec beaucoup de demoiselles. car elle n'a rien de spéciale. elle est juste moins bavarde et plus mystérieuse, mais elle a toujours un minois qu'on veut prendre en mains et embrasser. on ne veut en faire qu'une bouchée car nous n'avons pas la force de la garder en entier. on y croque, on la détruit et on oublie. c'est peut-être sa seule erreur dans l'équation : la prendre pour une femme bancale. autant le tuer, dans ce cas. jamais il n'admettra qu'une femme est assez bien pour lui et ses manières glaciales. jamais il n'osera dire qu'elle lui réchauffe le coeur rien que par son touché et qu'elle le fait voyager qu'avec son sourire. il se voile la face et renie toutes émotions. les émotions sont débiles et inutiles. enfantines et futiles. les émotions, il n'en a pas besoin. pas dans ce genre-là. alors qu'elle aille chercher ailleurs si elle désire un gentleman aux manières royales. c'est pas reggie. et si c'est pas reggie, alors, il se casse. parce que, pour rien au monde, il ne changerait. même pas pour elle, même pas pour le monde entier. ils n'ont aucune importante, après tout. fille banale entouré de moutons. reggie, c'est le loup qui vient, la nuit, en douce, les bouffer et les séparer. c'est ce qu'il fait le mieux. il s'unit pas et arrive pas à unir. suffit de voir la couleur de ses chemises pour s'en rendre compte. damn reggie, ur so dumb. and you're not talktative at all. puisqu'elle ne semble pas accueillir les avances de reginald comme le font les autres. elle brise les barrières de la banalité et ce petit détails, il le garde. il est pas con, pas comme elle le prétend. are you mad at me? did i do something wrong? parce qu'il pense que tout est correct et que sa main a le droit d'être posé sur cette cuisse comme si c'était la sienne. comme si toutes les femmes lui appartenaient. seulement, imbécile qu'il est, ne se rend pas compte qu'il ne possède rien si ce n'est que sa confiance.

« i’m not mad. » pauvres créatures que les humains, condamnés à communiquer par tous les moyens, chaque interaction houleuse, portée par une voix qui va et vient avec la réalité. marceline, personnage nerveux, elle s’agite, elle n'a jamais été l’oiseau tranquille en cage, plutôt le colérique, l’embarqué dans une folie volontaire parce que tout était trop friable dehors, comme elle d’ailleurs. elle n’aime pas en venir aux mains, elle n’aime pas. pour marcy les bagarres avec des mots, avec des gestes pas tendres ça ne va pas à reggie et elle, ça colle pas. - et puis elle s’achète de l’espace, elle traverse la pièce pour accrocher un article à son tableau de bord bizarre où tout se superpose année après année. « i just, i don’t understand everything that you do. and it would suck if i did ‘cause we are not the same and that’s alright but, i don't get you all the time. » qu’est-ce-que c’était que la colère sinon une série improbable de désastres qu’on décroche du mur, des tas de photos qui nous plaisent plus ou qu’on plus de sens après toutes ces années. ici y avait plus rien sinon reginald. est-ce-que ça voulait dire quelque chose? elle s’approche mais pas trop, pas qu’elle soit un animal blessé mais c’est qu’il est trop docile, elle le sent docile, elle n’a plus cet âge où on fait un pas en avant puis deux pas en arrière, pourtant elle n’est pas intacte, tout a laissé des marques et elle est encore sur cette plage où le passage des vagues n’efface pas grand chose. « like, why won’t you text me, or talk to me, i mean, TALK to me. »

« i’m not mad. » qu'elle avoue. t'y crois pas. pas du tout même. elle t'a pas convaincu avec ses airs presque déçue. pourtant, tu n'as rien fait. t'as juste touché sa cuisse et tu t'es approché de ses lèvres; tu ne pensais pas que cela était prohibé. tu pensais que c'était ok, que c'était une des raisons principales de ta venue : s'amuser après le blabla ennuyeux sur ton petit frère. mais, encore une fois, elle pense différemment et c'est loin d'être la chose qu'elle attendait après le fameux blabla ennuyeux et pas nécessaire. i'm not mad, qu'elle ose dire. mais toi, ça se voit dans tes yeux que tu l'es. tu caches même pas à quel point t'es déçu et surpris de sa réaction. t'es fâché, ouais, parce que tu pensais enfin pouvoir déceler le grand mystère marcy. sauf qu'elle t'a arrêté dès les premières secondes et tout tes espoirs ont étés réduis à néant. and i don't understand you neither. but i don't make a big deal about it, alright? tu as beau essayé de la comprendre, de temps en temps, tu n'en fais pas toute une histoire. tu t'en fous, clairement. peut-être que c'est celle qu'elle tente de faire lorsqu'elle te bombarde de messages, peut-être que c'est sa façon de t'embrasser ou encore de poser sa main sur la tienne. tu n'en sais rien. elle t'explique jamais rien, elle préfère envoyer des messages inutiles et dénoués de sens lorsqu'on ne suit pas la conversation. et c'est ce que tu penses comprendre lorsqu'elle te demande de parler. toi, tu parles presque jamais. tu laisses tes prunelles parler et tes gestes faire. les mots, maladroits, tu n'arrives pas à les enchaîner. et la plupart du temps, c'est parce que tu perds rapidement l'intérêt. c'est pas contre elle, mais contre le reste du monde. et malheureusement pour elle, elle en fait partie. because that's not my thing. i truly don't care about how your day is or how you hate the weather. t'es peut-être un peu trop cru, mais que veux-tu, t'es l'homme glaçon. t'es la glace, c'est le feu. i can't lie to myself and you cannot change me, alright? you want me to talk but i don't even know what to say. tu te lèves, à ton tour et tu te passes une main dans ta chevelure foncée avant de les fourrer dans tes poches. congrats. it's more awkward than usual because of you now.

@Lua Skelton
reggie, t’es une autre planète, toi, on peut pas te tourner autour. c’était sous ses yeux, le long de sa joue, sur le bord de ses oreilles et derrière ses genoux, des grains de beauté. vous vous souvenez de quand on s’attarde et que, sans trop savoir pourquoi, il faut établir un portrait? c’est peut être ce qu’elle lui disait ou l’impression d’être seule avec reggie, peut être le bruit des rues où quelques voitures passent et effleurent les vitres avec leurs phares, peut être que c’était ses mains, battant l’air avec insistance. il lui dit qu’ils fonctionnent pas pareil, qu’elle y peut rien de toute façon. en tout cas elle avait besoin de se souvenir. elle se souviendrait de ce qui se plisse, fronce, divise, fend, tord lorsqu’il parle et aussi des pauses entre ses phrases, le ton qu’il prend quand il essaye d’ouvrir les vannes sans que ça réussisse vraiment. elle avait cette impression, de quelque chose qui coince, quelque chose de gros qui bouche la sortie, un peu comme s’il attendait de se déverser dans l’océan. et pour être honnête, elle avait suffisamment peur pour espérer qu’il y parvienne, c’était un autre genre de torture, reggie, ça faisait mal, mais par endroits, comme si elle pouvait s’en soulager. n’importe quand. pourvu que ce soit pas fatal, plic, plic.

sa main se dégage, le sang perle, plic, plic, elle a quitté reginald pour la fenêtre et son échappée inévitable vers l’extérieur, loin de ses tonnerres, il avait qu’à se taire pour faire retomber l'électricité grimpant dans l’air, elle se serait pas levée, elle aurait pas traversé la pièce jusque le couloir pour fuir vers la cuisine. et le verre cogne la table, elle sort une bouteille de sous l’évier, plic, plic, ça dégringole le long de son doigt, plic plic, coupure pas si anodine que ça. whisky ou vodka?

y'a un silence qui prend place dans la pièce. tes mots ont fait le travail d'une pelle et ont creusés un faussé entre toi et la jolie. tu n'arrives qu'à la cerner par son regard, ses prunelles parlent et te disent d'aller mourir en enfer. t'as jamais compris les femmes, reginald, et c'est pas marcy qui t'aidera. elle est compliquée, derrière ses facettes de fille simple et douce. vous êtes tout les deux une énigme pour la société. une foutue équation sans réponse. et même vous, vous n'avez même pas la réponse à tout ça. rien. nada. en même temps, à tes yeux reggie, y'a rien. y'a pas d'équations, ni de mystère. juste une jolie demoiselle et sa foutue manie à troubler le gamin. tu l'observes, elle et ses cents pas, elle et sa façon de se libérer de ses démons avec un plein d'air frais et son idée de quitter la pièce en te laissant seul. tu ne comprends rien, un sourcil haussé, tu ne sais que faire. la suivre et partir par toi-même ? rester assis là en espérant qu'elle vienne te dire ce que tu es censé faire ? défier ses limites ? reggie, elle t'a largué en pleine mer et est partie avec ta bouée. (tu ne te rendais même pas compte qu'elle était ta bouée. rien qu'elle.) un soupir lâché et te voilà dans le couloir pour ensuite terminé dans la cuisine. tu la regardes se servir un verre, presque étonné. elle boit et toi, l'air béat, tu restes planté là. why are you running away? you started this. tu reprends finalement. and what the hell are you doing?

tout est vide ici, le papier-peint remonte aux années cinquante, les cartons sont empilés ça et là, y a comme une odeur d’oublié, de vécu, de gâché dans la maison, odeur qui suit les protagonistes dans la noirceur des pièces, la longueur interminable des couloirs où sont accrochées des photos d’inconnus aux sourires sur papier glacé. elle a la bougeotte, espèce de réaction en chaîne à reggie, reggie qu’elle a dans la tête un peu trop souvent pour se dégoûter de la tiédeur de ses gestes, du poids de ses mots. voilà pourquoi elle aime pas la proximité, parce qu’elle sait pas donner aux autres ce qu’ils attendent, ne serait-ce qu’un mouvement de la tête pour approuver, elle s’est imaginée plein de fois cette scène où il lui court après comme font les humains la moitié de leur vie, mais c’est pas vraiment ce qu’était reggie pour elle et c’est peut être pour ça qu’il était devenu quelqu’un pour elle, plus qu’une de ces discussions tard le soir où ils parlent de son frère sans trop savoir comment avoir une vraie conversation, il savait faire trembler les murs de la maison et c’était suffisant. il voit un personnage qui colle pas plus que ça à marcy dans la pénombre, elle a la bouteille facile quand elle est contrariée et la voix du garçon peine à percer dans le vide. ‘pretty much what anyone would do if they were told absolute bullshit. i don’t know.’ ses yeux roulent et se plantent dans les siens. ‘because it’s bullshit, all of this is bullshit. i just wanna drink, reggie.’

si tu y réfléchissais le temps d'un instant, tu pourrais avoir une vue plus vague sur cette situation. tu pourrais te remettre en question sur ton geste, ce foutu geste qui a commencé ce débat - si on peut appeler ça ainsi. tu pourrais te dire que ouais, elle n'a pas tellement tort et que la conversation est importante. seulement, tu te connais reggie. et bizarrement, tu penses vous connaître. tu penses qu'entre vous deux (car tu n'oserais pas utiliser le mot relation pour définir ce que vous entreteniez), la discussion était toute sauf nécessaire. tu pensais que les regards suffisaient et que tes gestes étaient assez explicites. tu pensais qu'elle comprenait lorsque tu ne répondais pas à ses messages. seulement, elle semblait être trop niaise et continuait. marcy n'était personne. pas quelqu'un d'important, du moins. sans elle, tu continuerais ta vie sans te soucier de ton absence. et t'étais encore plus idiot de penser ça. parce que même si elle te saoulait avec ses multiples messages, ils faisaient désormais partie entière de ton quotidien. et que si elle cessait de les envoyer, tu sentirais tout de même un vide. tu te poserais multiples questions et surtout, tu penserais à elle. marcy et ses messages, c'est une toute histoire qu'on ne peut appeler longue. c'est comme toi et tes tentatives osées. c'est toute une histoire, pas longue et qui est là depuis la nuit des temps. les gens font avec, sauf elle. la belle refuse et s'en va. elle fuit le grand méchant loup et va noyer son désespoir dans l'alcool. désespoir que seul reggie a causé et dont il n'est même pas désolé. all of this? tu retiens un rire presque nerveux. what is 'this', marcy? uh? parce qu'à tes yeux, il n'y a rien. un désert sans oasis. un monde sans humains. un océan sans eau. y'a rien. juste le vide. t'as, cependant, cette envie de combler ce vide. et tu trouves que le combler en couchant avec elle était l'idée parfaite. seulement, elle pensait pas comme toi. partie ratée. ses prunelles viennent défier les tiennes et tu n'as même pas le courage de la confronter. tu baisses les yeux et soupire. get your shit together marcy because i can't deal with you anymore. i can't. tu prononces sans même t'arrêter, ignorant pourquoi tu dois être si méchant avec elle.

‘i don’t know what it is but i don’t like it’, elle s’essuie le visage d’un revers de main, elle le regarde qui se consume comme une cigarette sur le sol, et elle peut rien y changer, marcy. y a le silence qui embaume tout mais de la mauvaise façon et ça stagnait dans la cuisine, l’odeur de souffre, avant une catastrophe qui prend le nez et la tête. ‘I DON’T KNOW WHAT IT IS THAT I FIND SO ESSENTIAL ABOUT YOU, LIKE, I HAVE NO IDEA, ALRIGHT?’ elle aimait pas quand ça devenait trop réel, quand les couleurs montaient sur ses joues, en traitre, quand elle avait plus le sens de la gravité, quand elle savait plus peser le poids de ses mots, de ses gestes, elle aimait pas non plus ces quelques mètres entre eux deux mais ils étaient là et il était doué, fallait le dire pour tout envoyer valser, comme si les vitres avaient pu exploser et faire des dégâts, le verre des fenêtres brisé aurait pu se glisser sous la peau de ses doigts, lui laisser des plaies au visage, la rendre encore plus vulnérable, encore plus ordinaire qu’elle ne l’était déjà. ‘i don’t know why i care so much, and trust me i have tried so hard not to but you keep bumping at my door like it’s no- it’s no use to try and not care because i always care so much. you want me to express myself more, uh? that’s what you want? well here i am, in the flesh, no texts, no bonding over the phone, just me, marcy.’ elle aimait pas non plus l’expression sur son visage entre fureur et fatigue, entre impatience et défiance, comme s’il attendait quelque chose d’elle et de ses membres ratatinés par la trouille. parce que c’était pas une scène digne d’une toile de cinéma, c’était juste marcy, juste elle, rien qu’elle, pas autre chose. ‘well i can’t change how i feel about you. and it sucks. it sucks so much.’

l’idiot écoute sans entendre. il joue le sourd sans même l’être. c’est une rose recouverte d’épines et toi, marcy, tu la choisis en serrant bien ta main sur celles-ci. n’as-tu pas compris qu’elles blessent ? - et même un peu même trop. ses épines sont recouvertes de sang, de larmes et elles n’ont pas terminées leurs carnages. flowers, tu n’es qu’un imbécile qui se nourrit de la peine d’autrui. l’idiot est l’océan et la peine est l’eau salée qui recouvre tout son horizon. marcy le provisionne bien, elle est peinée de devoir supporter ce jeune homme. elle est peiné d’avoir de l’espoir et d’être aussi douce avec lui. la douceur, chose inconnue aux yeux du brun qui préfère les choses bruts et explicites. il n’aime pas les peut-être, ni les couleurs pastels et encore moins la beauté des choses. le garçon n’observe que les mauvais détails, ceux que les autres préfèrent ignorer. il n’appelle pas ça du pessimisme, mais du réalisme. sur un tableau, reggie ferait attention à cette accord de couleur qui agresse l’oeil alors que d’autres diraient que c’est révolutionnaire et qu’il faut accepter la différence d’avis et de point de vue. il pense que la rousse serait du genre à lui faire ce genre de remarques. elle serait du genre à apprécier l’oeuvre d’art peu importe les accords de couleurs et elle apprécierait tout de même. l’idiot a compris qu’ils étaient deux personnes totalement opposées et pourtant, il n’essaye toujours pas de la comprendre et d’agir en prenant compte qu’ils ne penseront jamais la même chose. elle pourra voir le couché de soleil comme étant le début de soirée au coin du feu avec un chocolat chaud et lui verrait seulement cela comme étant l'assassinat de la journée. morte, cachée par la noirceur de la nuit et seulement éclairée par la lumière de la lune. la tension monte, comme la douce voix de la jolie. tout prend plus d’ampleur et ses mots deviennent plus compréhensibles. c’est lorsqu’elle se déchaîne qu’il écoute et qu’il prend conscience. autrement, les choses l’ennuient et le lassent. il aime ce qu’elle renvoie, une corneille enragée. l’aura qu’elle dégage intrigue le renard et il tend l’oreille, pour une fois intéressé par le dialogue de la belle. elle trouve à le flatter, même énervée. un sourcil haussé et une curiosité bien attisée, il se mord la lipe en observant la fille à la crinière de feu. son regard en dit long, les mots n’auront aucun pouvoir dans ce genre de situations. pas avec reggie et marcy. il la laisse parler et se montrer. il ne l’a jamais vu ainsi. il découvre une femme, une qui n’a pas peur de jugements précoces ou de répercussions. elle se déchaîne et il aime ça. that’s exactly what i want. go ahead, scream at me, i don’t care at all. i knew you weren’t this shy girl. i knew you could bite.. il a l’air amusé derrière ses airs d’homme surpris. le renard tombe de haut lorsqu’elle prononce ses derniers mots. garçon qui a toujours fait en sortes que personne ne ressente quoi que ce soit pour lui et son égo surdimensionnée. il a toujours compris la haine qu’on ressentait pour lui, mais jamais le contraire. il n’y avait que sa mère qui était capable de l'accepter tel qu’il était.  il faisait toujours en sorte d’être le plus détestable possible, même si cela restait quelque chose d’assez naturel chez le flowers. you’re stupid marcy. you don’t feel anything for me. you should hate me, alright? so hate me. why do you always have to do what i don’t want you to do? can’t you just be like everyone? souffle-t-il. you were right. this is bullshit.

‘oh come on shut the fuck up.’ elle se tord les ailes, marceline, elle est oiseau blessé sur le toit de la vieille baraque où plus personne ne met les pieds, l’oiseau trop abîmé pour fonctionner correctement, qui dégringole des tuiles, heurte les branches de l’arbre, finit entre les pattes d’un animal sournois, crevé par les années, avec deux grands yeux. il la toise, reggie, il a cet air dévastateur qu’elle ne donnerait pas à tout le monde, mais ça va bien avec le reste de sa figure et leurs deux corps bancals se balancent dans la cuisine où ils ont échoué après une chute mortelle. l’animal est pas docile, au contraire il est sur la défensive, prêt à planter les griffe dans sa peau toute belle de fille, elle avait déjà les mains prises autour de cette fleur malade et elle pouvait rien y faire, parce que si elle lâchait reggie, ce serait pire. on entend plus rien après qu’il ait parlé. à travers les volets à moitié fermés on voit la rue et les quelques lumières allumées, pendant que les autres vivent eux se battent à voix basse sur des sujets qu’on veut pas aborder, il y a leurs joues qui prennent plusieurs teintes et pas les plus belles et la voix de marceline qui grimpe au plafond comme une araignée, elle est pas du genre à faire ça, elle préfère rien dire, voir les gens merder avec des phrases comme ils savent si bien le faire, et elle, elle écrit des livres sur eux, c’est ce qu’elle a toujours fait marcy. i don’t get to choose that, nobody does. i didn’t wake up the other day thinking reginald flowers, hey, what a nice guy you should totally ask him out. that’s not it. you’re not a gift, reggie, you’re terrible. you have zero conversation, basically your favorite subject is you and you leave me on read a lot. i’m not stupid for caring about you. i care about you because you make me feel stuff, you make me speak up for myself and you are- unbelievably human. which matters. i’m a writer i write about dickheads like you all the time but it doesn’t mean they’re not loveable. hell it doesn't make sense to you but to me, it does. and yeah maybe it is utter bullshit but hey, it’s not like it give a shit. alors elle se tait. y a des tas de choses à dire mais c’est plus fort qu’elle, elle le regarde, elle pense tout ça mais elle en dit rien, deux secondes plus tard elle a le verre à la bouche, le regard vitreux dans son regard allumé. ‘just go home.' elle se cogne au mur, traverse le couloir, on l’entend un peu pleurer mais c’est sans doute l’alcool. et puis ça lui passera.