Micah - ne rêve pas de ta vie, vis tes rêves

Mon prénom usuel, le seul et unique d’ailleurs, est Micah. Micah est mixte, je peux aussi bien être une fille ou un garçon, mes parents n’ont jamais voulu savoir ce que j’étais. Pourquoi Micah, et pourquoi pas Gertrude ou Magnum. Je n’en sais rien, je n’étais pas assez consciente de ce qui m’entourait à cette période de ma vie. Vous savez, quand on décide tout pour vous, la couleur de vos vêtements du jours, les motifs débiles d’éléphants ou de girafes jusqu’à la coiffure ridicule en forme de palmier que tous les adultes adore parce que c’est… « mignon ». Et oui, on est totalement tributaire de ses personnes aussi cons qu’un balai, excités comme des gosses à jouer à la poupée. Je crois que je ne comprenais pas pourquoi on agitait un machin à grelot alors que tout ce qui m’intéressait, c’était ces trucs qui brillaient aux doigts de maman, ou cette chose autour du poignet que papa regardait nerveusement le matin en se plaignant d’être constamment en retard. Evidemment, maman riait. Papa partait toujours une heure à l’avance donc il n’aurait jamais été au retard lui. J’imagine que je ne pouvais qu’être obsédée par la brillance des bijoux pour avoir une aussi grande collection au jour d’aujourd’hui. Et puis les montres, je crois bien que j’en achète une chaque année, l’ancienne trop démodée ou encore, j’arrive toujours à lui trouver un défaut que la prochaine n’a pas. Maintenant que je suis maître de mon porte monnaie, je fais attention mais je succombe toujours devant un horloger tandis que d’autre suivent la tendance des shoes sur internet. Chacun son truc après tout !
Ce que j’aime aussi, c’est la musique. C’est une forme d’art ça tant à s’exprimer au grès des notes de guitare ou de piano. Mes parents n’ont pas hésité à répondre à ce désir, ils m’ont vite inscrit à des cours et je n’ai râté aucun cours jusqu’à mes seize ans. Aucun. C’est important la régularité dans la vie. C’est un sentiment de confiance que l’on a auprès des autres, tout aussi bien qu’être ponctuelle et de mon assiduité aux cours. Le fait que je travaillais beaucoup, m’avait permis de sauter une classe. Mais était-ce une bonne chose ? Je réfléchissais beaucoup trop, aussi. Etait-ce normal pour une gamine de dix ans ?

L’éducation est pour beaucoup là-dessus même si je dépassais certaines limites que mes parents. Lesquelles ?

Je pouvais me montrer tellement odieuse, comme adorable. Il ne suffisait pas d’appuyer sur un bouton pour que mes mauvais travers reprennent le relais. Il suffisait que tu touches à quelque chose que je voulais et hop, tu étais marqué(e) au fer rouge dans mon esprit. Croyez-moi qu’une fois que c’était fait, je n’oubliais pas, je ne te lâchais pas jusqu’à te voir t’en ronger les ongles d’anxièté. Jusqu’à ce que tu regardais derrière toi ou dans un couloir pour éviter de me croiser au risque de passer un sale quart d’heure. Car oui, si ce n’est en petite réfléxion lancée dans le vent, je savais que tu les entendais et si je ne frappais jamais, je tapais juste dans mes mots, car les mots, c’était ma meilleure arme. Mon talon d’Achille et il m’était facile de retourner toutes les situations inimaginables, à mon avantage alors gare à ton cul, mon con, je ne suis pas faites pour les copinages sans aucun fondement. Je n’étais pas susceptible, ou je ne le montrais pas à l’époque. Mon visage arborait toujours cette air serein, m’amusant à détromper les rumeurs houleuses qui pouvaient exister sur moi.

Contre toute attente, je ne m’exprime jamais avec la première personne du singulier mais toujours à la troisième personne. Du plus loin que je me souvienne de mon passé, j’avais toujours eu l’instinct de prêter mon doudou quand un autre avait du chagrin ou plus tard, un jouet. Je veillais seulement à ce qu’on me rendait mes affaires, une chose tout à fait normale non ? Ma mémoire travaillait de cette manière, je pouvais l’utiliser pour n’importe quoi. J’avais seulement besoin d’être présente, j’assimilais tellement vite. J’avais deux copines, on était inséparable au collège, on se suivait partout, si tu voulais trouver l’une de nous trois, il suffisait de demander, on apparaissait comme par magie, tu n’avais plus qu’à choisir. On était pareille, on s’habillait presque tout le temps pareille, si ce n’était pas une jupe lundi, c’était un body le mercredi. On avait pas besoin de se consulter et cela me faisait rien qu’on nous appeler « Les Trois Pouffiasses d’Arcadian » On aimait avoir notre petite cocon, personne ne pouvait y entrer et on se faisait confiance, on était liée. On était un. Voilà ce que j’aimais en amitié. Même les mecs que l’on pouvait s’enticher, ne prenait jamais le dessus sur le “on”. Ils passaient après, de tout façon, on avait encore toute la vie pour vivre avec un homme. Celui n’était peut-être pas le bon, on passait au suivant quoi. Et puis, du coin de l’oeil, je gardais Saoirse. Cette fille un peu folle, un peu solitaire, elle ne se faisait jamais remarquer sauf lorsqu’on était en cours. Elle était chiante avec ses questions à deux francs six sous. Surtout qu’il n’y avait aucun rapport avec le thème et les maths, c’était le pire. J’avais parfois envie de lui enfoncer mon foulard préféré dans la bouche pour qu’elle se taise mais cela aurait fait mauvais genre. Je pense qu’on avait, dans cette unité, cette même aversion pour Saoirse mais en ce qui la concernait, j’étais un peu plus insistante. Même sans elles, il m’arrivait de la chercher, rien que pour me défouler de quelque chose que je ne comprenais pas. J’espérais tout au fond de moi que cela n’était pas une admiration. Je me serais vomis dessus à l’époque si j’avais pensé à une chose pareille à son égard.

Aujourd’hui, j’ai 25 ans, je suis bien dans ma tête, dans mon corps. Même si cela n’a pas toujours été le cas durant mes années lycée. Je ne comprendrais jamais ce qui me turlupine mais ma patience est toujours aussi grande que dans mon enfance. Mon histoire, mon patrimoine, mes amis, mes histoires de coeur font de moi ce que je suis actuellement. Il y a aussi mon travail, il y a un an, j’ai obtenu une place de choix dans la maternelle de Arcadia. Cela peut en faire bien rire mais j’aime mon travail. Je me lève le matin avec le sourire, j’arrive sur mon lieu de travail avec envie, et toujours ce sourire qui illumine mon visage. Parfois, j’y emmène ma guitare et je travaille encore pour réclamer un piano à la directrice de cette école. Mon histoire est encore à écrire, j’ai atteint la limite de ce que je peux bien raconter sur moi. Ah oui, une chose que mes parents s’exaspère, avec moi. Ils n’ont pas encore de gendre, ils n’ont pas encore de petits enfants alors que je n’arrive même pas moi-même à savoir ce que je veux. Parfois, je me dis qu’ils auraient aimé pouvoir me faire une petite soeur, ou un petit frère. Pour doubler les chances d’être un jour, grand parents. Je me fais surement des idées mais voilà. Et une dernière chose, j’ai adopté un petit bébé bouldogue français. Il est racée, on m’a conseillé de commencer son prénom par l’année des N. C’est tant mieux, j’avais déjà envie de l’appeler Nox; Si ça avait été Lolita, je l’aurai appelé Lolila.