TODAY HAS BEEN CANCELLED. (sofia)

Le jour se lève à peine, les rayons du soleil transperçant les stores de la résidence. Aucune pièce n'est épargnée par la chaleur rassurante de New Delhi ce jour-là. Pas même la chambre de ta mère. Ce jour fut particulièrement chaud ce jour-là, ce jour bénis où tu vins enfin au monde. Malheureusement, à peine ta découverte du monde se faisait-elle que tes parents commençaient déjà à se disputer à ton sujet. Ton père souhaitait un prénom typiquement tandis que ta mère en voulait un à consonance plus espagnol. Ta mère remporta ce combat, tout comme elle remporta cinq ans plus tard la bataille pour avoir ta garde. Ton père, énormément pris par son travail et ses déplacements n'avait malheureusement pas pu constituer un dossier suffisamment solide pour avoir ta garde. Trop en rage contre ton père à cette époque, ta mère décidait de partir pour un autre pays. Tu quittais ton chaud pays pour disparaître dans la froideur de la Bulgarie en compagnie du nouvel homme de ta génitrice.
Cet homme, tu t'en serais d'ailleurs volontiers passé. Il était alcoolique, violent. Assez pour te battre toi ainsi que ta mère, mais pas assez pour vous achever. Parfois, tu aurais souhaité qu'il mette fin à vos souffrances. Pourtant, il n'en faisait rien et, dans un sens, tu le remerciais. S'il ne t'avait pas fait si peur, tu ne l'aurais jamais rencontré. Warren, ce garçon d'un an ton aîné chez qui tu étais entré en douce un soir. À ta grande surprise, il t'avait agréablement bien accueillie, au point de te faire à manger. Du moins, ce qu'il savait fait à son âge. Il n'avait que huit années et toi sept. Faire marcher autre chose que le micro-onde était assez compliquée. Pourtant, cette simple petite soirée avait marquée le tournant d'une très belle amitié.

Les coups pleuvaient encore, comme une pluie de calamité tombe sur le monde. Cette fois, tu retrouvais ta mère complètement inconsciente et, c'était le coup de trop. Tu devais avoir pas moins de seize petites années à ton compteur, mais, du haut de ton âge adolescent, tu avais eu le courage de lui rentrer dedans. Au sens propre du terme. Tu avais pris ton élan pour le pousser de toutes tes forces. Sans doute surpris par ton initiative, il avait volé à travers la pièce et... la fenêtre. Oui, a deux heures du matin cette nuit-là, tu venais de défenestrer ton beau-père. Le corps tremblant, encore sous le choc, tu avais tendu la tête à travers la fenêtre brisée, posant ton regard sur le corps de l'homme que tu venais de pousser. Tu l'observais, ce corps qui semblait sans vie maintenant au sol. Prise de panique, tu allais rapidement prendre le téléphone afin d'alerter les secours, mais, en jetant à nouveau un coup d'œil dehors, tu ne voyais plus qu'une tâche épaisse de sang. Le corps n'était plus là. Tes doigts se mirent à trembler, tu raccrochais au nez de la personne qui venait de répondre et, tu attendais patiemment qu'un son attire ton attention de l'autre côté de la porte. Pourtant, rien cette soirée ne vint toquer à votre porte.
Quelques mois plus tard, ta mère et toi partiez de votre appartement. Vivre dans la peur de le voir revenir à la maison n'était plus tenable. Pour le coup, vous quittiez carrément de continent, rejoignant celui américain. Plus précisément à Arcadia Bay. Au passage, tu allais pouvoir retrouver ton meilleur ami, Warren, qui avait quitté la Bulgarie peu de temps avant toi. Tu allais le retrouver, retrouver une certaine tranquillité. Du moins dans ta vie, car, tes nuits de sommeil après cette fameuse nuit étaient des plus mouvementées. Cauchemars sur cauchemars. Voilà ce que tu vivais. Pourtant, tu gardais la tête haute, tu reprenais tes études, sautant même une classe tant tu étais avancé. La vie suivait son chemin sans embûche. Du moins, pour l'instant.