today has been ok (cosimo)

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today 6:36 AM Je t'attend au château d'eau.

A l'heure où le petit jour brûle à peine, Cosy se frotte les yeux. Sur la table des miettes de pain, un fond de café froid  et un mot. Le mot. Celui qui résume tout sa mère aurait aimé lui dire ce matin. Elle n'écrit jamais rien de personnel. Pas de je t'aime, sois fort, fais attention. Ce qu'elle ne peut pas dire en vrai, sa mère ne le dira jamais sur papier. Alors elle partage pour compenser. Une pensée, une proverbe, une citation. Chacun l'interprète à sa façon mais de tous, cosimo est celui qui y porte le plus d'attention. Hier Beatha citait du Boris Vian.
Aujourd'hui, c'est Ruiz Zafon et l'ombre du vent.

Les mots avec lesquels on empoisonne le cœur d’un enfant, par petitesse ou ignorance, restent enkystés dans sa mémoire et, tôt ou tard, lui brûlent l’âme.
Avec le temps, vous ve
garde tes rêves, tu ne peux jamais savoir à quel moment tu en auras besoin.

Chacun prend soin de son propre fuseau horaire. Beatha, Umar, ses frères et lui se croisent par messages interposés. Cosy respire peinture et puisqu'il ne sait faire que ça, ses esquisses tapissent les murs du salon. Teoh, son frère aîné préfère l'anarchie. A l'étage, ses fringues s'entassent dans la salle de bain et les couloirs. Pour le plus petit, chaque jour est un 4 juillet. Ameer allume des lumières qu'il  n'éteindra jamais. Umar, Au début ça le faisait chier. Ce flic de père distribuait quelques PV mais...comme pour tout, il s'y est fait.
C'est une façon comme une autre de communiquer.
C'est peut être rien mais ça donne l'illusion d'une certaine vie de famille.

Cosimo déserte les lieux après avoir tout nettoyé. Il, il ne mange jamais rien. Son appétit de oiseau ne permet pas de fantaisie. Il lui arrive parfois de faire une halte en chemin. Les gaufres de Joyce Price sont à tomber par terre, elle s’additionnent aux petites choses qu'il affectionne. Notez-bien. Pour un matin parfait: une gaufre, un café bien chaud, une cigarette et un rendez-vous secret au château d'eau.
L'immanquable depuis 10 ans.

Lorsqu'il arrive à 7:20 précise, Sam est déjà là. Son sac à dos traîne à un petit mètre vingt de son vélo. Ils se sourient et Cosy se pose à côté de lui.
Sam. C'est son meilleur pote depuis plus d'une décennie.
A l'instar de Beatha, son père est boulanger et c'est parce qu'ils bossent ensemble qu'ils se sont rencontrés.
ils incarnent pour l'autre la plus belle des résonances. Ce mec...c'est toute sa vie. Ils ont la même bande de potes et c'est vrai qu'ils comptent aussi mais les autres sonnent autrement. C'est beau mais différent.
Samson est un volcan. Qui bouillonne littéralement.
Là où il décèle ce qu'il y a de plus beau, Sam met en lumière tout les défauts.
Son monde est chaotique, a des années lumières de sa propre féerie. Ce que Cosy trouvait jadis déstabilisant est en réalité du pur génie.
Sam est mad. Et...c'est ce qu'il fait de mieux. Lorsqu'il est explosif, Samson milite contre le chalutage de fond, la déforestation et le gaspillage alimentaire. Il distribue des tracts aux portes de Blackwell et manifeste en solitaire le long du port.
Puis tout retombe et Cosimo est là pour lui porter secours.
Dès lors, plus rien n'a d'importance si ce n'est l'autre.
Ils passent leur vie dehors, fréquentent le neon paradise, enchaînent les verres au bay’s treasure et matent pour la centième fois un monde parfait.
Lorsqu'ils se lassent d'hanter les nuits, Cosimo et sam s'enferment.
La porte de sa chambre est toujours grande ouverte. les autres entrent, défilent et tuent le temps. Chacun a sa façon.
Puis un beau jour, Samson se réanime et alors, tout recommence.

L'univers de Cosimo se calque sur celui des autres. Il...il existe pour l'être humain.
Entre deux cours, Cosy squatte la vie des autres. Il se pavane, avec ses doigts peinture, sa blouse et ses jambes d'autruches. Il sourit, beaucoup et se planque sous ses grands airs quand rien ne va. Il se force à bouffer quelque chose, même si la faim n'arrive qu'une fois sur deux. A la pause, Cosy fume et gratte des cigarettes. Il dessine ses potes qu'il entrepose dans sa pochette comme des trésors.
Après blackwell, Cosimo fini encore, toujours au château d'eau.
Il y reste jusqu'à ce que le soleil se couche et cesse de lui brûler la peau.

Puis il rentre et la maison est encore vide. Comme hier, c'est le 4 juillet. Comme hier, rien n'est rangé. Son père fait des heures sup et sa mère dort déjà.
Cosimo envoi un message groupé puis revient sur ses pas.

today 8:12 PM On se voit ?

Tout est bien comme ça.

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