(( midnight thoughts - ROMI ))

 jace & romi

midnight thoughts, midnight touch

Il court, il court. Et puis c'est le drame. Les phares de cette voiture. La lumière éblouissante, les iris éclatées. Pas le temps de réagir, de bouger, ni de s'enfuir. Jace qui une nouvelle fois revit l'accident. Et là, c'est l'alarme. Son corps qui le sauve; son cerveau qui voit le danger. Il ouvre les yeux, respiration saccadée. La poitrine qui se soulève trop rapidement, le palpitant qui bat trop vite. Un, deux, un deux. Il essaie de se calmer, de sortir de ce cauchemar. Ce n'est pourtant pas la première fois que ça lui arrive. Il rêve souvent de ce fameux soir, celui où il s'est fait renverser. Un an dans le coma, rien que ça. Les séquelles toujours présentes mais Jace, il n'est pas malheureux pour autant. C'est la vie, qu'est-ce qu'il y peut. Et puis, parfois ça aide. Belle excuse. Il reprend ses esprits tout doucement. Il détaille la pièce. Le salon, le canapé avec la couverture jetée sur le sol. Son torse qui se soulève, main posée sur son cœur. Tout redevient normal. Les battements qui diminuent, c'est doux. Banal et puis son esprit qui se calme. Il s'assoit, frotte ses yeux. Balaye encore une fois la pièce du regard. Il sait où il est. Pas vraiment chez lui mais c'est tout comme. Chez Romi. Romi qui l'a recueilli; Jace sans défense. Perdu, paumé depuis qu'il est revenu à la réalité. Il ne se souvient pas de tout. Il y a des trous, sa mémoire qui faillit à la tâche. Lui qui imagine, hésite, divague. Il baigne entre rêve et réalité. Il n'a que les autres pour lui raconter. Et d'après leurs dires, il n'a pas toujours été quelqu'un de bien. Certes, il ne prétend pas l'être mais avant, il a blessé. Injurié, moqué. Jace, sans pitié. Mais tout ça, il l'a oublié. Comique en sachant qu'il pourrait tomber sur une de ses victimes dans n'importe quelle rue. Retour de bâton, karma en fonction. Jace, il doit accepter son sort. De toute façon, il ne peut pas effacer le passé, ni réparer ses fautes. Il peut simplement essayer. Avancer, grandir, évoluer. Et c'est ce qu'il fait. Ou presque. Il attrape la couverture tombée, il la plie soigneusement avant de la poser sur le canapé. D'ordinaire, il l'aurait juste balancée là mais il est chez Romi. Il faut bien faire un effort. Il se lève. Vent glacial dans le salon. Il en prendrait presque froid; corps à moitié dénudé. Jace s'avance dans l'obscurité. Tâtonne, hésite mais ses doigts viennent sur la poignée, la font céder et il s'engouffre ailleurs. Yeux de prédateur, il fait le tour du lit. Et c'est délicatement qu'il soulève le drap. Se glisse dessous et vient se coller à Romi. R o m i . Corps chaud, agréable. Romi dont il a toujours eu très envie. Mais Jace, il n'a pas le droit. La croix, elle le lui rappelle à chaque fois. Il entend la pluie dehors, l'orage qui sonne. Mais lui, il préfère la respiration de Romi. Souffle tiède. « J'ai fait un cauchemar. » Justification. Oui, parce qu'il faut bien une excuse pour se coller à lui. Le toucher, découvrir sa peau. « Tu dors ? » Hésitation. Jace qui essaie de croiser son regard. Il ne sait pas, à vrai dire il n'y voit pas grand chose. Son bras vient entourer Romi. Jace, il fait comme chez lui. « Il y a de l'orage dehors. » La tête qui vient se nicher dans le cou de l'autre; Jace qui ferme les yeux. Peut-être parce qu'il ne veut pas voir l'interdit en face de lui.

 jace & romi

midnight thoughts, midnight touch

Gris, gris, gris. Entre le blanc et le noir, comme sa vie. Nuances sans couleurs, teintes abstraites. Pourquoi respire-t-il encore, pourquoi tente-t-il encore d’avancer ? Pour lui-même ? Pour les autres. Mais quels autres ? Cette âme solitaire qu’il héberge sans trop savoir pourquoi et à la laquelle il s’est tant approché. Romi soupire. Regard tourné vers la rue entièrement visible à travers la vitrine en vers. Il pleut des cordes, il n’y a personne dehors, sauf quelques malchanceux qui courent à tout allure pour s’en protéger, le brouillard ne l’aide pas à voir plus loin, mais il distingue les lumières de quelques voitures. Puis il oublie la rue, se concentre de nouveau sur lui-même, son bras qu’il marque lentement à l’aiguille. Un autre tatouage, assez minimaliste dont il a eu l’inspiration depuis plusieurs jours déjà. Une idée qui n’avait plus quitté son esprit, alors il savait qu’il devrait le faire. Il n’y avait pas de clients, à cause du temps de simplement de l’heure tardive, mais il ne s’en plaint pas, ça lui donne l’occasion de finir un travail qui ne devait durer qu’une trentaine de minutes de toute façon. Il y’a toujours cette douleur à chaque piqûre d’aiguilles, certains clients lui demandent parfois de leur anesthésier la partie à tatouer, lui ne fait jamais ça. C’est cette sensation qui lui rappelle tout, le fait ressentir de nouveau les battements affolés de son cœur. Il finit enfin, recouvre le tout d’un pansement et range son matériel. Son salon se trouve au bas de l’immeuble où il habitait, le local n’est libre que depuis peu et il s’était hâté de se le procurer. Il n’avait pas à sortir dehors et affronter la pluie, une simple porte le faisait communiquer à l’intérieur de la résidence. Il monte silencieusement jusqu’à son appartement. Jace est là, endormi sur le canapé. Il est trop fatigué pour tenter de le ramener à chambre mais au moins le jeune homme et bien couvert. Romi se déshabille rapidement et tombe dans les bras de Morphée instantanément.
Des heures surement sont passées avant qu’il ne sente qu’un poids à ses côtés, il sursaute malgré et ouvre les yeux. Jace. Il ne sait pas ce qui lui a fait savoir que c’était lui en premier, simplement son parfum ou sa voix. Il se tourne alors vers lui. « Un cauchemar ? » regard inquiet mais à peine perceptible dans les ténèbres de la chambre, Romi lève la main jusqu’à sa joue pour une caresse réconfortante. Ses oreilles captent alors les bruits dehors, la pluie accompagnée de grondements bien distincts. « Plus maintenant. » soupire-t-il, il sent Jace se rapprocher à lui. Danger et ça sonne l’alarme dans son cerveau, leurs deux corps dénudés et trop proches. Son main retombe ensuite contre la taille de Jace, surement qu’il profite de sa peur mais c’est une occasion de le coller plus à lui. « Tu as peur de l’orage ? Je suis là, d’accord ? » Etait-ce réellement censé le rassurer ?